Archéologie Picturale 2002


Archéologie Picturale n°3  24 X 30 Acrylique sur carton toilé Tecnique mixte
Archéologie Picturale n°3 24 X 30 Acrylique sur carton toilé Tecnique mixte

L'exposition archéologie picturale est le fruit et l'aboutissement premier d'une démarche théorique patiemment élaborée rigoureusement cadrée pour offrir au public et aux amateurs le suc d'une approche picturale originale.

 

    En effet, c'est dés 1995 que l'artiste initie cette démarche de réflexion critique sur les fondements

Amérindiens de la culture Caraïbéenne. Un mémoire de plus  d'une centaine de pages intitulées

" Vestiges de la culture précolombienne dans l'art des grandes Antilles", analyse les apports Amérindiens, fécondant l'œuvre de cinq artistes caribéens référents. En permettant à l'artiste de découvrir et de s'imprégner des mythes et des symboles fondateurs de l'aire civilisationnelle Amérindienne, ce travail théorique conforte et enracine sa passion pour ces civilisations particulièrement éradiquées de notre paysage humain et culturel. Elle lui permet aussi de s'approprier les outils et les références graphiques qui enrichiront sa palette picturale.

 

     De fait les compositions picturales de Christina PICHI s'appuient sur une connaissance intime de la mythologie précolombienne réinjectée dans une dynamique plastique parfaitement contemporaine. Ses toiles s'érigent en territoires autonomes, eux-mêmes subdivisés en sous-espaces déclinant un thème fort des cosmogonies-amérindiennes. Ces espaces en interaction constante sont investis par l'artiste comme autant de " parcelles picturales " d'où elle fera émerger des compositions surprenantes.

La complexité et l'entrelacement de techniques multiples et divers tissent un langage plastique déroutant mais parfaitement maîtrisé. " L'ARCHEOLOGIE PICTURALE" qui nous est proposée par un subtil et patient travail de collage, de grattage conjugués à des techniques mixtes incluant l'utilisation du pastel gras, l'insertion ponctuelle de raphia, de papier de soie ou de carton ordonne l'espace de la toile par affouillement successifs. Strates après strates affleurent les éléments-clés de la composition - la grenouille et la chauve-souris symboles respectifs de la femme et de l'homme sont omniprésents. Ils émergent de la roche mère de la toile comme autant de balises dialoguant par-dessus les îles dans ce vaste continent civilisationnelle qu'est l'espace insulaire caribéen. Il nous renvoie, en contre point à travers l'évocation du rituel de la Cohoba et des transes chamaniques qui s'y rattachent, à notre propre désacralisation et la déritualisation de notre société livrée aux vents des mauvais Chamans.

 

      Ils nous incitent, se faisant, à dépasser la fade actualité pour investir et peut-être rétablir la filiation historique, culturelle et spatiale féconde qui nous rendra irréductiblement verticaux et créatifs à l'image de ses pères fondateurs de la culture caribéenne qui nous ont forgés au delà du temps.

 

 

                                                                                                                 Claude HOTON - Février 2002